Fil d’actu du 04 juin 2022
1. Mais pourquoi les délégations ne vont pas plus vite ?
Les MSP sont confrontées à un souci croissant qui est celui d’assurer des soins à de plus en plus de patients. Les deux causes les plus importantes sont bien connues : augmentation de la demande de soins avec croissance permanente des pathologies chroniques, et diminution du temps médical par baisse du nombre de médecins et changement culturel sur le temps de travail. A ces chalenges, de nombreux pays se sont organisés avec des transferts d’activité, des délégations de tâches ou de missions. Mais en France, cela n’avance qu’à pas de velours, désespérant des professionnels des MSP engagés dans diverses tentatives. Bien que les usagers soient très favorables à ce processus. La différence avec d’autres pays peut s’analyser par une différence réglementaire. Notre système s’est construit sur des décrets d’actes et de compétences qui enferment les professionnels. La frilosité des agences et des administrations, voire des professionnels eux-mêmes sur le risque éventuel de recours et de procès de patients en cas de pratique hors de ces décrets nous empêche d’innover rapidement. C’est bizarre, car lorsque vous achetez un produit ou un service, vous vérifiez la qualité du produit et au besoin l’affichage d’une charte éthique par la société productrice. Vous ne vous préoccupez pas de savoir si leur DRH est diplômé ou si l’agent de production détient un BTS. Les équipes de soins primaires produisent des soins et de la santé, mais les agences et les administrations, voire l’assurance maladie entrent dans l’analyse du management de l’équipe. C’est net avec certains des indicateurs de l’avenant des MSP (plus de point si la MSP embauche une IPA, mais pas une infirmière de parcours). Cette spécificité française conduit les administrations à mettre en place des indicateurs de moyens plutôt que de résultats des soins. Les protocoles de coopération sont alourdis de relevés de moyens qui rebutent les volontaires. Tout ceci gêne voire empêche l’innovation, car les équipes ont la charge de la démonstration du respect des décrets d’actes et de compétence. Nous voyons la différence avec l’article 51 où nous pouvons déroger au droit avec une évaluation de nos résultats, sans regard sur les moyens utilisés. Quel ministre, quel gouvernement sera assez courageux et ambitieux pour ouvrir une fenêtre conventionnelle ou contractuelle sur des indicateurs de résultats, ouverte aux volontaires ? Nous pourrions par exemple, être évalués sur simplement 3 indicateurs de résultats : coût économique, taux d’hospitalisation, satisfaction des patients. Avec des rémunérations forfaitaires à la clé telle que promues dans le rapport de Jean-Marc AUBERT.
2. Crise dans le monde infirmier
Que ce soit l’APHP ou les groupes privés comme ELSAN, chacun se plaint d’un manque d’infirmières dans les services. Fuite des professionnels du monde hospitalier ? C’est probable car les conditions de travail n’y sont pas optimales. Les équipes des MSP le savent, car le recrutement d’infirmières est actuellement très facile que ce soit sur un poste d’assistante, de coordination, d’IDE de santé publique ou d’IDE de parcours. La démographie des infirmières a beau être en hausse, cette crise des emplois hospitaliers pourrait pousser vers une évolution du décret de compétence du métier réclamé à bon escient par l’Ordre des Infirmiers.
3. Crise aux urgences des hôpitaux
La crise des services d’urgence fait la une de nombreux médias. Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Les services d’urgence ont été développés à la fin du XXème siècle par la volonté hospitalière. La publicité pour ces services ouverts 24h/24h a été largement diffusée. Il fut un temps que les anciens connaissent où l’on venait chercher le médecin local pour un problème aigu. Aujourd’hui, les témoins appellent le 15 ou les pompiers, voire emmènent le patient directement aux urgences. Plus une série télé américaine sur le sujet qui a appris aux enfants l’expression « iono-gaz-du-sang ». Ces services d’urgence tirent maintenant la langue, car ils sont débordés par le succès du soin gratuit-24-24. La solution est bien entendu de réguler cette demande comme cela se fait dans de nombreux pays. Espérons que cette crise permettra de diffuser quelques règles concernant l’accès aux soins en France.
4. Recherche en soins primaires
Si vous avez des chercheurs dans votre équipe, ils pourraient être intéressés par le lancement de la campagne 2022 des appels à projets de recherche du Ministère de la Santé sur les soins et l’offre de soins. Vous trouverez les détails en page 74 du dernier Bulletin Officiel Santé Protection Social Solidarité. La lettre d’intention est à déposer avant le 6 octobre.
5. SISA et professionnels de santé salariés
L’assurance maladie a publié un document d’aide si vous avez envie de vous lancer dans l’aventure du salariat d’un professionnel de santé. Ce peut être le cas si un professionnel de santé désire entrer dans votre équipe sous un format salarié plutôt que libéral. Les pages du site Acoorde sur ce thème ont été remises à jour à cette occasion.
6. La MSP des Tarterêts à l’honneur
Un très bel article du Monde sur la MSP des Tarterêts de Corbeil-Essonnes qui montre la plus-value des MSP pour l’accès aux soins.
Bien cordialement.