Fil d’actu du 11 février 2023

1.     Tout le monde « contre »

Impressionnant. Même le conseil de l’Ordre des médecins participera à la manifestation contre la loi RIST. Mêmes les syndicats de jeunes médecins d’habitude plus enclins à une modernisation du système de santé rejoindront la contestation. Mais les revendications touchent à tant de points qu’il est difficile de savoir qui manifestera contre quoi. Il y a de quoi s’interroger dans un contexte où la demande de soins est si importante que les médecins français n’arrivent pas à répondre à tous les patients. Les médecins n’ont jamais été aussi bien rémunérés grâce à l’augmentation des divers forfaits (demandez à ceux qui se sont installés dans les années 80). La compétence des autres professionnels n’a jamais été aussi poussée comme pour les IPA. Les possibilités de soulager la surcharge d’activité des médecins et de répondre aux patients est là. Alors pourquoi ces manifestations ? Crise existentielle ? Décalage entre un formation de savants et une activité professionnelle qui nécessite un savoir-faire managérial et une adaptation au nouveau monde ? Peur du changement ? Probablement une salade de ces différentes raisons. Espérons que cette loi RIST tiendra bon car nous en avons besoin pour soigner tous les demandeurs de soins sans médecin traitant.

 

2.     Proposition de loi RIST au Sénat

La proposition de loi RIST est passée en commission des affaires sociales du Sénat. Quelques changements dont l’exclusion des CPTS pour un accès direct aux IPA. La rapporteuse considère qu’une CPTS n’apporte pas les garanties d’un exercice coordonné. Seules les MSP, les centres de santé ou équipes de soins primaires pourraient créer cet accès direct. Pour celui aux kinésithérapeutes, la commission veut limiter le nombre d’actes à 5 au lieu de 10 inscrits dans le texte de l’Assemblée. Le plus important pour les équipes en MSP est le maintien à ce stade d’une délégation d’actes aux IPA, kinésithérapeutes ou orthophonistes dans le cadre d’un exercice coordonné comme les MSP.  A croire que les manifestants ont mal compris ou qu’ils vont défiler contre l’exercice coordonné… La proposition de loi passera en séance publique le 14 février, d’où date de la manifestation des médecins.

 

3.     Simplification administrative pour les médecins

A la suite de ses annonces lors de ses vœux, Le ministre François BRAUN a fixé 15 objectifs pour gagner du temps médical. Les certificats médicaux deviendront l’exception, zéro papier entre médecins et CPAM, application carte vitale sur smartphone, ALD sans limitation de durée. Mais aussi le renforcement de l’accompagnement des médecins à l’utilisation de leurs outils numériques, et quelques autres sujets. A suivre les mises en application.

 

4.     Rapport de l’Institut Montaigne sur les soins ambulatoires

Un nouveau rapport sur les soins ambulatoires de l’Institut Montaigne. Vous pourrez lire la totalité du rapport ou seulement son résumé. En introduction, le rapport rappelle le retard de la France dans le virage ambulatoire. Malgré le fait que les 75 ans et plus représenteront 16 % de la population en 2050 et que plus de 20 % d’entre eux cumulent trois pathologies. Il est montré comment des pays tels que Danemark et Suède ont pris une nette avance sur le recentrage sur les soins primaires. En France, si ce virage a bien débuté dans le secteur hospitalier, il a beaucoup de retard en ville. Sans surprise, le rapport prône la délégation de certains actes et activités des médecins vers les infirmières pour dégager du temps médical. Le développement de nouveaux modes d’organisation dont les maisons de santé pluriprofessionnelles, est reconnu comme facilitant le recours à cette délégation. Parmi les évolutions souhaitées par les auteurs du rapport, il est bizarre que la promotion de l’exercice coordonné ne cite que CPTS, ESP, ESS (équipe de soins spécialisées) et ESCAP, mais ne revient pas sur les MSP. C’est vraiment une mauvaise compréhension du système. Nous retiendrons par ailleurs la critique des formations universitaires : « la faculté de médecine ne prépare pas suffisamment à l’exercice en ville ». Sans étonnement, le rapport critique les modalités de financement dont le paiement à l’acte en ville qui n’incite pas à la coordination et propose d’en repenser le mécanisme. Un rapport très fouillé sur les initiatives existantes, mais guère de nouveautés dans les analyses ou les propositions. A ne pas faire lire aux manifestants du 14 février, cela pourrait les énerver encore plus.

 

Bien cordialement.