Fil d’actu du 10 avril 2021

1.   Vaccination : on ouvre ?

Dans les centres de vaccination qui ont bien travaillé dès le mois de janvier, il devient impossible de trouver des volontaires dans les cibles dites prioritaires. Si en janvier 10 appels de patients aboutissaient à 9 vaccinés, c’est plutôt devenu 10 appels pour 2 vaccinés. Devant ce constat, plusieurs centres ont décidé de passer outre les notions de cibles prioritaires et d’ouvrir la vaccination à tous, considérant qu’il était plus judicieux de passer son temps à vacciner des volontaires de tous âges plutôt que de ratisser les campagnes à la recherche de la cible dite prioritaire. Cela montre bien le décalage entre décideurs et acteurs de terrain.

 

2.   Vaccination : le poids de la paperasserie – bis

Dans une épidémie, il est plus utile de « vacciner dans le tas » plutôt que tenter de tracer chaque citoyen. Entre 100.000 morts du COVID et 0 ou 1 mort du vaccin, il n’y a guère à hésiter. Mais en France, il faut que chaque usager ait un « certificat d’éligibilité » pour être vacciné. Il faut 1 minute au cabinet pour saisir et éditer un certificat d’éligibilité. Pour 45 millions de personnes à vacciner, cela demandera 750.000 heures de travail et 90.000 ramettes de papier. Heureusement la saisie en centre demande 5 secondes une fois le dossier ouvert, cela ne prendra que 62.500 heures de travail…

 

3.   Troisième séance de négociation de l’ACI pour les MSP

La 3ème séance de négociation de l’accord conventionnel interprofessionnel sur les MSP s’est tenu début avril. Vous trouverez ici le diaporama de séance de la CNAMTS. Pour rappel, vous trouverez sur le site l’historique de l’ACI ainsi que le diaporama de la première séance de négociation de janvier 2020. Voici quelques réflexions sur les propositions de la CNAMTS.

 

  • Mission crise sanitaire

Proposition d’un bonus de 100 points fixes si existe un protocole organisationnel de gestion de crise (pour rappel, le point est à 7 €). Si une crise sanitaire survient, cela monte à 350 points variables. C’est une bonne chose que de valoriser l’implication d’une MSP dans les crises sanitaires. Le nombre de points est faible dans le cas de survenue d’une crise quand on connait l’investissement nécessaire pour gérer appels et rappels des patients, l’organisation des vaccinations, la mise en place des procédures de crise. Mais c’est mieux que rien et c’est un bon début.

 

  • Soins non programmés

Proposition de créer des plages de soins non programmés. Jusque-là, pas de souci pour les MSP qui savent le plus souvent gérer des soins non programmés avec chacune sa méthode.

Mais la CNAMTS propose par ailleurs un bonus de points si la MSP partage son agenda pour un minimum d’heures avec un SAS (service d’accès aux soins) le plus souvent gérés par les SAMU. Cela laisse imaginer que les secrétariats des MSP ne sauraient gérer les soins non programmés. C’est une confusion entre l’organisation des MSP et la non-organisation d’autres cabinets. Il est difficile de penser que des MSP vont laisser gérer des parties de leurs agendas par des SAMU pour bénéficier de points supplémentaires. C’est une très mauvaise idée qui nie la capacité des MSP à gérer elles-mêmes leur territoire, et complexifie le système.

 

  • IPA dans les MSP

Proposition d’une aide à l’intégration d’une IPA dans les MSP sous forme de bonus sur plusieurs indicateurs (missions santé publique, RCP, protocoles). Proposition d’une aide en cas d’IPA salariée, qui est la même que pour les IPA libérales. La possibilité de salarier une IPA si elle le désire était déjà prévue, mais cette proposition est une avancée car le bonus de point peut permettre de compenser l’intérêt mitigé des revenus d’une IPA vu l’effort de formation engagé.

 

  • Assistants médicaux

Proposition de mutualiser l’embauche d’un assistant médical pour la SISA plutôt que pour des médecins de la structure. Cela parait très intéressant sur le papier et semble simplifier le système. Pour être opérationnel, il faudra que l’ordonnance attendue soit publiée au JO. Cependant, les équipes devront être vigilantes. Car si 2 ou 3 MG de l’équipe bénéficient de la subvention conventionnelle à l’embauche d’assistant, ce sont souvent ceux dont la patientèle est en développement, parfois au déficit des anciens MG sur le départ. Glissement de patientèle dans l’équipe. La proposition faite que ce soit la SISA qui bénéficie du dispositif sous-entend que la patientèle du groupe doit augmenter. A réfléchir.

 

  • Démarche qualité

Cet item n’est qu’un début de réflexion prudente de la CNAMTS. Vieux serpent de mer, l’idée serait d’aboutir à « une certification de la MSP par un audit externe d’un organisme habilité ». Ceux qui ont des collègues hospitaliers confrontés aux certifications frémiront à cette idée. D’autres trouveront l’idée excellente pour remettre en avant la matrice de maturité des MSP qu’il a été malin de créer pour orienter cette éventuelle future certification. Espérons que les négociateurs avanceront avec prudence et intelligence sur ce sujet.

 

  • Implication des usagers

Proposition d’un indicateur sur l’implication des patients dans des actions de santé publique ou de promotion de la santé. Et valoriser la participation de « patients-experts » dans la gouvernance de la MSP et dans les programmes d’éducation à la santé. Excellente initiative qui va bien dans le courant actuel de redonner leur place aux usagers de la santé.

 

Reste à savoir comment la négociation va aboutir. La campagne aux élections professionnelles étant finie, nous pouvons espérer que les syndicats professionnels montreront de la pertinence pour discuter ces points avec la CNAMTS.

 

Bien cordialement.